Rémi Thivel
Guide de haute montagne
Photographie
Tribulations en Patagonie
Difficile de trouver montagnes plus esthétiques que celles de Patagonie. Je suis sûr que dans l'imaginaire des enfants, les montagnes ont la silhouette du Cerro Torre ou du Fitz Roy. J'ai connu ces montagnes en 1995 puis en 1999. La première fois, je voulais gravir seul la face ouest du Cerro Torre, mais je me suis vite rendu compte que j'étais bien mieux dans les bras de Féra mon argentine que suspendu à des piolets dans une face battue par les vents du Hielo Continental. Ensuite, j'ai rencontré Alain et David avec qui nous avons tenté le Fitz Roy, d'abord par "El Corazon" puis par la voie Franco-Argentine. En 1999, un nouveau voyage se fait avec Francine, Benoît et Christian. Partis pour gravir le Pilier Casarotto au Fitz Roy, nous ne sommes pas montés bien haut, encore moins quelques jours plus tard sur le Cerro Torre. À cette époque, nous attendions un créneau météo installés dans les cabanes au pied des montagnes, au milieu de magnifiques forêts. Pour décider de s'engager ou pas, il fallait seulement se fier aux variations de pressions atmosphériques que nous indiquait l'altimètre. Il n'y avait pas de smartphones, de prévisions sur internet. Nous nous sommes à chaque fois épuisés à lancer un essai dans des fenêtres météo trop courtes. Surtout, nous n'étions vraiment pas les rois de la stratégie ! Aujourd'hui, les parois de Patagonie sont devenues "the place to be". Les grimpeurs attendent le beau temps installés dans les hôtels et bars de Chalten, scrutant la météo toutes les demi-heures sur internet, puis tout le monde part en même temps, généralement vers les deux ou trois mêmes itinéraires. C'est un chagement radical dans la manière d'approcher ces montagnes, qui a aussi permis des réalisations impressionnantes : nouvelles voies très dures, enchaînements, traversée de plusieurs sommets, solos express...